L'HISTOIRE D'UNE PASSION

On ne peut se voiler la face, la violette africaine a perdu de ses lettres de noblesse depuis quelques années. Certains clubs ferment et d'autres ont de la difficulté à renouveler leur « membership ».

 

Tout est une question de passion! La passion s'éteint quand le côté créateur disparaît ou est annihilé d'une quelconque façon. Si vous ne cherchez plus à être créatif, à renouveler votre désir du renouveau, ne vous attendez pas à ce que la passion vous revienne.

 

Il faut donc réapprendre à être créatif pour réanimer la flamme qui anime l'âme de chaque être dans son petit monde et qui s'appelle, la passion.

Une grande dame!

Dans ce volet, 'L'histoire d'une passion', je souhaite partager avec vous quelques photos et anecdotes d'un grand personnage avec qui j'ai partagé dans le temps, sans le savoir, cette passion pour la sauvegarde de ces plantes sauvages. Par son être créatif et ses écrits, madame Silva Mather, a su m'insuffler l'étincelle dont j'avais besoin pour achever l'écriture de mon livre et renouveler cette flamme en moi.

 

Madame Mather a consacré une partie de sa vie à la sauvegarde des espèces du genre Saintpaulia en les cultivant et en les partageant le plus possible afin de leur donner une change de survie.


Dans un article paru en 1987 dans l'AVM, 'Saintpaulia Species in Jeopardy' elle exprima ceci :

« (…) Le but de cet article est non seulement de vous parler de la situation présente des espèces sauvages, mais de vous inciter fortement à les garder là-bas et ailleurs, et de faire tout votre possible pour encourager les autres à les cultiver aussi. Bientôt, il ne restera plus de ces petits trésors que celles qui sont cultivées partout à travers le monde entier dans les collections privées, les jardins botaniques, et dans le peu de pépinières commerciales qui en font la vente. Aussi triste que cette réflexion puisse être, au moins elles seront conservées pour la postérité pour éviter qu'elles ne deviennent complètement éteintes et perdues à jamais. »

 

Certaines espèces de ce genre ont reçu le nom The Mather Collection par le Royal Botanic Garden à Kew en l'honneur de cette grande dame et de tous les efforts qu'elle a faits pour la survie de ces plantes.

 

Malheureusement, madame Mather est décédée tragiquement dans un accident de voiture en 1992, même année où j'ai commencé à m'intéresser à la sauvegarde de ces mêmes espèces. À cette époque, je ne savais rien de l'existence de madame Mather ni de ses réflexions au sujet de la sauvegarde de ces plantes. Et pourtant…

 

Lors d'une première conversation avec l'un de mes contacts au Kenya, auprès de qui je tentais de trouver de la documentation sur l'environnement naturel de ces plantes, il me dit qu'il ne croyait pas que mon projet de livre allait changer quoi que ce soit. Selon lui, l'essentiel pour que les choses bougent, c'est d'être sur le terrain. Il croyait fermement que le fait de cultiver ces petites plantes sur le rebord des fenêtres à l'autre bout de la planète n'aiderait en rien leur cause. Ce à quoi je me suis empressée de répondre avec beaucoup de conviction : « Lorsque l'homme aura terminé la destruction massive de ces forêts regorgeant de richesses inestimables, et que tous espoirs de retrouver quelques petites populations de ces plantes encore viables sera perdu, les gens comme vous qui s'activent sur place à protéger cet environnement fragile, seront certainement contents de savoir qu'il reste encore, de ces plantes sur le rebord des fenêtres à l'autre bout de la planète. C'est certainement là une des nombreuses façons de s'assurer de la survie de ces plantes en danger d'extinction. » Après cet entretien, la personne a accepté de m'aider dans mon projet de livre, comprenant ainsi l'importance d'agir, peu importe où nous sommes et peu importe le geste posé.

 

C'est pourquoi dans chacune de mes présentations, je dis toujours : « Cultiver ne serait-ce qu'une seule espèce de ces plantes originales et vous pourrez dire que vous contribuez à la sauvegarde d'au moins une espèce sur notre planète. Ce sont de petits gestes simples comme celui-ci qui finissent par faire une grande différence. »